vendredi 1 octobre 2010

Chronique de DREAMVILLE (dernier Ep ) par Will sur Noise r'us

On savait déjà Cécile Raynaud, alias DRUNKEN C, prolifique et performante, ses productions, façonnées à la Sonic Youth des débuts, mais de façon très personnelle et immanquablement déviante, n'incluant aucun faux pas et dévoilant de superbes pièces noisy, post/cold ou matinées d'une discrète electro (ici, un Disrespectful summons retenu, aussi sensuel qu'inquiétant, de haute volée).

Sur ce Dreamville, amorcé par Soul empty et sa basse cold à la Simon Gallup, sur lequel la sudiste chante avec l'intensité d'une Kim Gordon encanaillée, en évoquant également Kas Product et l'organe incomparable de Mona Soyoc, sept morceaux du même niveau nous sont livrés, et Drunken C creuse plus en avant encore le sillon de son rock tourmenté, insubordonné, aux humeurs multiples et souvent génialement "dark", rageurs et aboutis.
Et passé ce morceau inaugural, Mary is dead since convoque de nouveau l'esprit de Moore and Co, avec force guitares endiablées, zébrures noisy et voix enjôleuses et, en d'autres occasions, nettement plus mutines. L'effet, conséquent, se confirme, et après le Disrespectful summons décrit plus haut, Clouds Jesus (interlude), obsédant de par la répétition de ses motifs et la survenue d'un arrière-plan troublé mais bridé, s'invite à la liste des réussites d'une musicienne qui gagnerait à être connue, c'est incontestable.

C'est ensuite le très post Dreamevil, remonté, jamais éloigné des ouvertures noisy de Sonic Youth, qui nous met en joie, sur un tempo appuyé, Cécile Raynaud modulant son chant, entre colère évidente et élans plus "doux", de belle manière, des grattes offensives venant étayer son propos avec fracs et un certain brio. Jamais prise en défaut, celle-ci réinstaure, sur Give me your eyes, ces six-cordes volubiles et inspirées, et breake intelligemment ce titre lui aussi probant, pour ensuite mieux relancer la machine, incoercible, indispensable à tout amateur de rock sombre, post et noisy et de la vague allant des early 80's à dernièrement.

Enfin, sur The sweet devil hand, une electro-cold remuante et saccadée se fait entendre, allant de pair avec un chant déchiré et des souillures sonores judicieuses, et entérine de façon définitive, d'une part, l'impressionnante dextérité de la demoiselle, et d'autre part, son habileté dans l'élaboration de morceaux de superbe facture, sorte de juke-box individuel, parfaitement amalgamé, de ses goûts et influences. Avec, de plus, cet équilibre entre modernité "DIY" et références au passé assumées comme il se doit.

Un EP de parfaite tenue donc, oeuvre d'une artiste sur le cas de laquelle il va désormais falloir sérieusement se pencher.

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