Drunken C - Dreamville
par Domino
Parfois tombe du ciel de petites choses comme cet EP. Noisy à souhait, tranchant quand il le faut, et surtout furieusement bien troussé, la galette en a dans le ventre ! Et c’est sans plus attendre qu’on va décortiquer ça de suite. Pas de perte de temps !
C’est avec un goût prononcé pour des sonorités un brin datés (c’est là tout le charme) que débute cet EP. Beatbox minimaliste vite rejointe par une guitare et une basse s’unissant dans une obsédante procession, le titre s’étend sur 4 bonnes minutes comme une parfaite démonstration de ce qu’est Drunken C, c'est-à-dire de l’efficacité pure. 'Mary Is Dead Since' s’infiltrera de la même façon chez l’auditeur grâce à son épais et chaleureux mur de guitares noisy. On laisserait notre esprit penser à Nine Inch Nails, celui des débuts, impression confirmé par le titre suivant encore davantage marqué par le spectre de l’ami Trent.
Mais la demoiselle sait y faire, et avant qu’on puisse aller lui reprocher d’être un peu trop influencée, elle nous sert un interlude tout en ambiances vaporeuse qui offre une parfaite coupure dans l’ensemble avant de repartir de plus belle. "Dreamevil", furieuse comme une chute violente dans un cauchemar cybernétique avec ce bruit de fond incessant, suivi de "Give Your Me Your Eyes" entre post-punk et lo-fi pur. Le tout se terminera par "The Sweet Devil Hand", assez proche de "Dreamevil" tout en étant une parfaite synthèse de l’EP. La cerise sur le gâteau en quelque sorte.
Et quel gâteau ! D’une cohérence rare (là où parfois, beaucoup se plantent) et d’une maitrise indéniable, la demoiselle derrière Drunken C sait ce qu’elle veut et le prouve. On ne peut que saluer le 1er effort impeccable qui, tant en rappelant parfois Joy Division ou Nine Inch Nails offre un univers déjà fort bien construit. A suivre évidemment !
Drunken C
par Domino
Une interview pour tout les gens lassés des one man bands... Un one woman band! Et qui vaut le détour! A découvrir tout de suite dans la suite!
Cess, pourquoi ce nom Drunken C et comment est né ce projet solo?
À la base j'ai choisi "Drunken" en hommage à la chanson "Drunken Butterfly"et je ne n'ai pas choisi le titre de Sonic Youth par hasard. Pour l'anecdote, "Drunken c" est la traduction en anglais quasi parfaite de "cé soul " le surnom que j'avais quand j'étais enfant ! (rire).
Il est vrai que j'aime l'idée d'être ivre de quelque chose, comme lorsque l'on écoute une chanson, une chanson qui te rend fou, ou lorsque que l'on tombe amoureux, cet espèce d'état second, décalé, hors du temps, on peut être bizarre et faire des choses insensés...
Il y'a quelques mois j'ai discuté avec un ami anglophone, il m'a dit qu'il aimait beaucoup le nom " DRUNkEN C», lui avait fait la traduction "DRUNKEN SEA" (Océan ivre) il trouvait ça poétique et à ce moment là, j'ai compris que je garderai définitivement ce patronyme.
Ce projet solo à commencé en 2007 quand j'habitais encore à Montréal, alors que je m'amuser à faire des lives electro sur mon Electribe, mon envie de faire du rock me manquais considérablement, j'ai essayé alors de mettre une guitare sur un beat que j'avais crée avec la machine ("Toc toc toc" , morceau paru sur ma première démo ) j'ai ressenti une satisfaction énorme, je reprenais possession de ma guitare mise de coté depuis 3 ans . Je revenais enfin à un projet qui me retournais au plus profond de mon être .ce jour là Drunken C est née, je ne me suis plus jamais arrêtée depuis....
Ok ok, et donc une fois repris possession de ta guitare, tu as également pris possession de toutes les places d'un groupe puisque qu'il me semble que tu la seule à tenir la barre. Qu'est ce qui t'a poussé dans ce sens? Des mauvaises expériences? Un ras le bol général? Une envie simple de (n'ayons pas peur des mots) ne pas s'emmerder?
Humm, non pas vraiment, même si il faut avouer que de jouer dans un groupe ce n'est jamais facile, souvent des prises de tête, des désaccords sur les mises en place ; l’égo de chacun doit- être assouvi, les emplois du temps coordonnées etc... J’ai toujours fais de la musique seule, même si j'avais des groupes à coté. Cela à commencé quand j'avais 13 ans, je me rappelle que j'enregistrais déjà des chansons à l'aide de deux magnétophones par superposition avec la guitare et ma voix. Composer à plusieurs c'est génial mais cela n'égalera jamais la satisfaction que je peux avoir en composant seule mes propres morceaux, c'est dans ces moments-là que je me sens pleinement en osmose avec moi-même, je m'abandonne totalement.
Et cet abandon la, sur scène, tu le reproduis comment? Parce que le son de l'EP, même s'il est clairement lo fi, est quand même assez fouillé... Tout en étant immédiat d'ailleurs, c'est une des grandes forces de la chose.
Pour la scène c'est plus compliqué , car composé reste une approche très différente, En live je me produit pour l'instant avec un bassiste, (Alex Touret bassiste de Tapenga ) pour avoir un son plus organique et plus Rock , même si la batterie peut manquer quelque fois, j'arrive totalement à rentrer dans mon morceau , notamment comme sur des morceaux comme "Strait-Jacket" ou "DreamEvil", il m'est déjà arrivée de quasiment rentrer dans une sorte de transe, le jour où j'arriverai à ce stade avec tous mes titres , j'aurais gagné une totale osmose avec mon live. Cela demande beaucoup de travail.
J'imagine oui, mais on peut te faire confiance la dessus. L'EP, sur certains points, se rapprochait un peu de cette transe dont tu parles. Il y a de manière assez récurrente un coté répétitif, hypnotique, assez obsédant qui en sort. C'est un peu comme si tu insistais sur certaines parties pour les faire rentrer dans le crane de l'auditeur. D'ou tu viens ce coté la? Avec quel musique as tu grandi pour en ressortir ce résultat? Mes premières impressions ont été de retrouver un feeling proche de Joy Division, Nine Inch Nails ou Robert Smith... Je suis dans le vrai?
Si je dois remonter très loin, l'une de mes premières approches musicale "hypnotique" était en 91, je devais avoir une dizaine d'années, ma mère avait un tas de vinyles, un jour, elle ma demandé de m'allonger par terre en fermant les yeux pour écouter les batteries et la basse tournante de l'album "The Dark Side Of The Moon" des Pink Floyd, j'avais été captivé par l'ambiance des morceaux. cela m'a vachement marqué ! Quelques mois plus tard je suis tombée sur une cassette des Cure dans la voiture de mon père, la seule entre toutes celle de Johnny Hallyday ! (rire), même si j'avais été effrayé par la mélodie j'ai tout de suite était attiré par cette sombre atmosphère. A cette époque La cassette à pas mal tourné dans chaine hifi entre Doolitle des Pixies, The Doors, Madonna et Florent Pagny ! (rire)
Ensuite comme beaucoup d'ados de ma génération, j'étais une fan inconditionnel de Nirvana et de la musique alternative, en 94 je tombe sur un reportage parlant de Sonic Youth je prend une claque monumental après avoir écouté la chanson "Brother James", depuis ce jour le groupe coule carrément dans mes veines, Sonic Youth m'a ouverte à un courant plus noisy et dissonant peu à peu je me suis affinée dans mes choix musicaux et j'ai élargie ma discographie ...
Des artistes comme les Cure ou Joy Division, Nine Inch Nails ou Pj Harvey font partie des mes artistes de chevets. Cela doit certainement m'influencer quand je compose, mais je n'ai pas de démarche particulière, je me laisse aller et j'essaye de ne pas avoir de barrière.
On est toujours influencé d'une manière ou d'une autre, le tout est de savoir ressortir tout cela intelligemment. On est souvent également influencé par son environnement et, l'atmosphère de l'EP étant assez sombre, hypnotique comme je l'ai dis plus haut, j'aurais aimé savoir dans quel contexte cet EP est né... Qu'est ce que tu as voulu développer dedans, au niveau des thèmes par exemple?
Ce qui est sur c'est que j'ai eu une année mouvementé ... j'avais besoin d'une musique plus énergique pour canaliser un peu le négatif du quotidien.
En général je fonctionne à l'instinct et selon mes humeurs ...
Et les humeurs développés dans l'Ep, s'articulaient donc autour de quoi, pour les non anglophones?
Eh bien quand j'écris je m'inspire souvent de ce que je vie ou vois autour de moi, ces chansons peuvent parler des mes déceptions, de la folie, de l’amour, de la haine et un tas d'autres choses qui peuvent me toucher ou m'exaspérer et la plus part du temps je romance ça sous forme d'histoire étrange ...
Quels sont tes projets proches ?
Je me concentre déjà sur mon prochain Ep, j'ai quelques collaboration en cours, mais pour le moment je préfère ne pas en dire plus.
Très très bien, un mot de la fin, un coup de gueule, un coup de cœur, de chapeau? Tu tournes en ce moment, ou il y à quelque choses de prévu?
Coups de cœurs très récent : Hangin Freud et Tiny Concept découvert sur myhand.thank , Guilty Strangers, Stolearm et The Unholy 50s découvert sur Zorch Factory Records, dans un style très diffèrent tous ces groupes sont excellents , j'ai immédiatement accroché quand je suis tombée sur leur pages.
En ce qui concerne les concerts, je dois avouer que pour le moment je ne suis pas dans une dynamique de faire des lives, mais plutôt dans une phase composition, je pense que j'entamerai une recherche de date dés le début de l'année prochaine.